La zone intertidale

Deux fois par jour, cent milliards de tonnes d’eau de mer entrent et sortent de la baie de Fundy. À marée basse, de vastes étendues de fond marin sont exposées. À marée haute, seulement six heures et 15 minutes plus tard, l’océan atteint son niveau maximal sur la côte. Le cycle d’une marée haute à l’autre prend 12 heures et 30 minutes. Avec deux marées hautes et deux marées basses chaque jour (25 heures au total), le moment de la journée pour chaque marée haute et basse change constamment. On doit se reporter aux horaires de marée et aux horloges à marée afin de savoir le moment des marées hautes et basses, de même que si la marée monte ou descend.

Marée basse
Quand la marée est extrêmement basse, il est possible de voir la fondation circulaire en pierres d’un nijagan, c’est-à-dire un barrage à poisson, près de la pointe du phare. Ces pierres tenaient des perches verticales qui furent drapées de filets de pêche. Les poissons devenaient emprisonnés dans le cercle de filets et furent collectionnés une fois la marée descendue. (Photographie : Mark Lavoie)

La marque de la marée haute est facile à trouver sur la côte : il suffit de chercher la ligne d’algues et de bois de grève déposée par l’eau lorsqu’elle a atteint sa hauteur maximale et ensuite changé de sens. La zone intertidale correspond à l’espace entre la marque de la marée haute et celle de la marée basse. Il s’agit d’un habitat tout à fait unique : les plantes et les créatures qui y vivent se sont adaptées au fait d’être dessous l’eau la moitié du temps et d’être exposées à l’air l’autre moitié. Parmi les créatures de la zone intertidale, on retrouve des crevettes fouisseuses, myes, mactres, crabes, bigorneaux et anatifes.

Sur le bord surélevé de la plage inclinée se trouvent des herbes de bord de mer et des plantes à fleurs robustes, telles que la gesse maritime. Sur la partie inférieure de la plage, on peut repérer des algues, telles que le fucus, le varech, la mousse d’Irlande et le petit goémon.

Du petit goémon séché
Du petit goémon séché (Photographie : Wikipédia)

L’algue à la couleur entre le rougeâtre et le violet, Palmaria palmata, que les Acadiens dénomment « le petit goémon », est non seulement comestible, elle est bonne pour la santé. Le petit goémon contient tous les oligo-éléments nécessaires à la survie d’un être humain. Le petit goémon est riche en protéines et en iode, et une fois séché, il a un gout salé agréable. D’après un journaliste de voyage, « le gout du petit goémon s’apparente à l’odeur de l’air dans un village de pêche ensoleillé ». On peut acheter du petit goémon séché dans les magasins de la région. Les cuisiniers ajoutent des miettes de petit goémon séché aux soupes et ragouts, ou bien ils le servent comme plat d’accompagnement, à l’instar d’un légume.

La mousse d’Irlande
La mousse d’Irlande (Diagramme : Wikipédia)

Il y a bon nombre d’espèces d’algues poussant le long de cette côte qui font l’objet d’une récolte commerciale. La mousse d’Irlande (Chondus crispus) est prisée pour sa capacité à absorber l’eau. Elle peut tenir une masse d’eau qui équivaut à trente fois son poids. Vous avez probablement vu le mot « carraghénane » parmi les ingrédients listés sur des emballages. Il s’agit de la substance active dans la mousse d’Irlande, et elle s’apparente à un gel. Elle est employée comme épaississant dans la crème glacée, le lait au chocolat, le dentifrice, les désodorisants et plusieurs autres produits.

Il y a un autre aliment important de la zone intertidale qui était fort utile aux Acadiens lorsqu’ils sont arrivés ici : la mactre d’Amérique (Spisula solidissima) que les Acadiens de la région dénomment « la paloune ». C’était tellement une bonne source de nourriture que les colons ont construit leurs maisons près de la côte. Ce sont de grands mollusques qui vivent enterrés dans le sable tout le long de ces plages, surtout l’étendue du littoral au nord du Petit Bois jusqu’à Anse-des-Belliveau. Le prochain village au nord, Grosses Coques, doit son nom à ces créatures.

la mactre d’Amérique
La mactre ou « paloune » est nettement plus grande que la mye, pouvant atteindre une largeur de jusqu’à 20 cm (environ sept ou huit pouces).
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La mactre dispose d’un long tube appelé un siphon qu’elle étend vers le haut afin de filtrer l’eau de mer pour en retirer le plancton et autres éléments nutritifs. C’est une nourriture riche avec une saveur douce de fruits de mer, ce qui en fait un de nos mets régionaux délicats. Si vous voulez en gouter, la chair congelée de mactre se vend dans les épiceries de Clare, ou bien vous pouvez les gouter dans un des restaurants de la région en commandant un plat acadien traditionnel appelé « pâté à la râpure », fait à partir de pommes de terre, d’ognons et de mactres.

La zone intertidale est un excellent endroit pour se promener et ramasser des petits trésors sur la plage, en respirant l’air à l’odeur agréable salin, le tout agrémenté de brises rafraichissantes marines qui réduisent le nombre d’insectes. Par contre, le terrain peut parfois être dangereusement glissant. La plage est également le seul lieu sécuritaire dans le Petit Bois où faire un feu de camp. Il y a un foyer extérieur juste au nord de la pointe du phare destiné à l’usage public.

gratter les coques
Les Acadiens adorent « gratter les coques » ! Une fourche pour la pêche aux myes, un seau et des bottes en caoutchouc sont les outils nécessaires à une expédition réussie. Des expériences guidées de « grattage de coques » sont offertes pendant les mois d’été. (Photographie : Adrienne Weaver)

Si ça vous parait amusant d’apprendre à « gratter » les coques, suivez le lien ci-dessous pour des renseignements sur une expérience guidée.

Gratter des coques

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